La pêche artisanale en Afrique francophone : un pilier stratégique pour la sécurité alimentaire

La sécurité alimentaire en Afrique francophone repose sur une diversité de ressources, parmi lesquelles la pêche artisanale joue un rôle central souvent sous-estimé. Cet article explore comment cette activité, ancrée dans les traditions et les réalités locales, contribue de manière surprenante à la résilience alimentaire, en lien direct avec les enseignements tirés de l’impact mondial de la pêche sur la sécurité alimentaire souligné dans The Surprising Impact of Fishing on Global Food Security.

La pêche artisanale : un pilier méconnu des systèmes alimentaires locaux

  1. La pêche artisanale fournit une source directe et accessible de protéines pour des millions de ménages, en particulier dans les zones rurales et côtières d’Afrique francophone. Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), plus de 90 % des poissons consommés au Sénégal, en Guinée ou au Bénin proviennent de pêcheurs locaux travaillant en petite échelle (FAO, 2023).
  2. Elle réduit la vulnérabilité alimentaire en renforçant la diversité des régimes locaux et en offrant une source de revenus complémentaire, cruciale en période de crise climatique ou économique. En Côte d’Ivoire, par exemple, les ménages pêcheurs présentent une exposition moindre à l’insécurité alimentaire que les ménages dépendant uniquement de l’agriculture pluviale.
  3. Cependant, la surexploitation, le manque de régulation et l’accès limité aux technologies durables constituent des défis majeurs. Beaucoup de zones côtières subissent une dégradation rapide des stocks halieutiques, menaçant la pérennité de cette ressource vitale.

Dynamiques sociales et économiques au cœur des communautés côtières

  1. La pêche structure profondément les modes de vie et les échanges locaux. Les réseaux familiaux et communautaires organisent la production, la transformation et la distribution, créant des chaînes courtes essentielles à la sécurité alimentaire. En Guinée-Bissau, les marchés locaux regorgent des produits pêchés en circuits courts, garantissant fraîcheur et rapidité d’accès.
  2. La centralité de la pêche dans l’économie locale favorise la création d’emplois, notamment pour les jeunes et les femmes, souvent impliquées dans la transformation et le commerce. Ces activités renforcent la résilience économique face aux chocs externes.
  3. Le savoir-faire traditionnel, combiné à des innovations locales, permet des pratiques durables. Par exemple, l’usage sélectif des engins de pêche en République démocratique du Congo contribue à préserver les stocks tout en maintenant la production.

Enjeux environnementaux et résilience climatique dans la pêche

  1. Les changements climatiques affectent gravement les stocks halieutiques africains : hausse des températures marines, acidification, modification des courants et des saisons de pêche. Ces phénomènes menacent la disponibilité des espèces clés comme le thon, le maquereau ou le silure.
  2. Face à la raréfaction, des stratégies d’adaptation locales émergent. Au Sénégal, des coopératives ont mis en place des zones de reproduction protégées et des calendriers de pêche saisonniers, inspirés des cycles naturels et des savoirs ancestraux.
  3. L’intégration de pratiques durables dans les politiques régionales reste insuffisante. Bien que des cadres internationaux existent, leur application sur le terrain est souvent limitée par le manque de coordination entre autorités, scientifiques et pêcheurs.

Vers une gouvernance inclusive pour une pêche durable

  1. La gestion efficace des pêches exige une gouvernance inclusive, où institutions locales, coopératives et autorités étatiques collaborent étroitement. En Mauritanie, des initiatives de co-gestion ont permis une meilleure surveillance et une réduction des prises illégales.
  2. Une coordination multilatérale est indispensable : les politiques nationales doivent s’aligner avec les objectifs régionaux et globaux, notamment ceux définis dans l’Agenda 2030 pour le développement durable, où la pêche durable est un levier clé pour la sécurité alimentaire (ODD 2 et 14).
  3. Les politiques globales influencent fortement les réalités africaines. Les accords commerciaux, les subventions étrangères à la pêche industrielle, ou encore les règles de certification internationale peuvent renforcer ou fragiliser les systèmes locaux, selon leur conception inclusive.

Conclusion : La pêche, ressource durable au service de la sécurité alimentaire africaine

« La pêche artisanale n’est pas seulement une activité économique, c’est un vecteur naturel de souveraineté alimentaire. Comme le souligne The Surprising Impact of Fishing on Global Food Security, sa capacité à s’adapter et à nourrir les populations en fait un pilier incontournable de la sécurité alimentaire en Afrique francophone, à condition que sa durabilité soit au cœur des stratégies de développement.

La pêche artisanale, profondément ancrée dans les cultures et les écosystèmes africains, représente une force naturelle pour renforcer la résilience alimentaire face aux défis climatiques et socio-économiques. Pour que ce potentiel se réalise pleinement, une gouvernance inclusive, une innovation locale et une coordination régionale sont essentielles. En renforçant ces dimensions, la pêche devient bien plus qu’une activité : elle devient un levier stratégique pour une alimentation juste, durable et accessible à tous.

Table des matières
La pêche artisanale : un pilier méconnu des systèmes alimentaires locaux
Dynamiques sociales et économiques au cœur des communautés côtières
Enjeux environnementaux et résilience climatique dans la pêche
Vers une gouvernance inclusive pour une pêche durable
Conclusion : La pêche, ressource durable au service de la sécurité alimentaire africaine

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